La typographie est à l’honneur dans la série documentaire « Abstract » sur Netflix

Extensis
février 19, 2020

De tous les contenus que Netflix a créés ces dernières années, ma préférence va de loin à Abstract : L’art du design. Ce programme nous fait voyager dans l’esprit des créateurs et designers les plus novateurs dans divers domaines : l’automobile, la photographie, la chaussure ou encore l’architecture !  

Chaque épisode porte sur une légende vivante du design et suit les différentes étapes de la réalisation d'un projet pour comprendre comment cette personne résout les problèmes créatifs qui se posent à elle et comment elle crée. 

La saison 2 d’Abstract est maintenant disponible sur Netflix et le dernier épisode est le plus passionnant, car il concerne Jonathan Hoefler, créateur de polices de génie. 

J'ai découvert le travail de Jonathan Hoefler à travers sa police Knockout, qui m’était utile quand je travaillais chez MTV, au milieu des années 90. Knockout a atteint l’apogée de sa gloire plus tard, quand la graphiste Paula Scher l’a choisie pour la nouvelle identité visuelle du Public Theater. (Un épisode de la première saison d’Abstract est d'ailleurs consacré à Paula Scher.) 

« Nous produisons une matière brute, que chacun est libre d'interpréter à sa guise, déclare Jonathan Hoefler. C’est ainsi qu'évolue la culture visuelle. »

En 1994, Knockout était placardée partout, sur les nombreux panneaux publicitaires et affiches du Public Theater. C’était la police incontournable. À New York, cette police reconnaissable entre toutes et utilisée de façon si originale a grandement inspiré les créateurs ; du jamais vu ! 

L'épisode consacré à Jonathan Hoefler m’a marqué à bien des égards. Tout au long du documentaire, la ville de New York y occupe une place essentielle, à la fois en arrière-plan et au premier plan. J’ai ressenti une vive émotion, sans doute parce que j’ai vécu à New York, quand le musée Guggenheim est apparu à l'écran, puis de nouveau en voyant Jonathan Hoefler se rendre à la boutique de montres à Greenwich Village. New York est vraiment un endroit fantastique pour observer les lettrages dans leur environnement urbain. 

La typographie est aussi la vedette de cet épisode. Des graphismes et des animations de toute beauté marquent les transitions à l'écran, rendant ainsi hommage à Jonathan Hoefler et au thème abordé.

Nous assistons, entre autres, à la création de la police Decimal, un régal pour tous les amateurs d'horlogerie. J’ai appris en lisant un e-mail de H&Co que Decimal avait été lancée la même semaine que la série sur Netflix, ce qui n’est certainement pas un hasard de calendrier. Sur le site web Hodinkee dédié à l’horlogerie, Steven Pulvirent a déjà publié une critique très enthousiaste (en anglais) au sujet de cette police. Jetez donc un œil au « 4 » aplati de Decimal ! 

La nouvelle police compte 10 graisses, ce qui n’est pas étonnant venant de Jonathan Hoefler. 

On a parfois tendance à penser que seuls les graphistes s'intéressent à la typographie, ce qui n’est pas le cas. Netflix, par exemple, s'en soucie tout particulièrement, pour des raisons économiques. Pour sa marque, l’entreprise avait adopté la police Gotham. C’est une belle police, mais tout le monde la connaît et l'utilise. Elle a notamment servi dans de nombreuses campagnes politiques.  

La croissance de l’entreprise Netflix s’est accompagnée d'une hausse du coût des licences des polices qu’elle utilise. Le blog de design It’s Nice That cite Noah Nathan, qui dirige l’équipe Design du géant du streaming : « Les licences de polices peuvent coûter cher, compte tenu de la dimension internationale de Netflix ». Cela pourrait se chiffrer en millions de dollars.   

Netflix a commandé la création d'une fonte exclusive, la Netflix Sans, pour réduire les coûts de licences et se doter d’une identité visuelle originale.

D'autres entreprises adoptent la même stratégie.

À l’époque où je travaillais chez AT&T, la police AT&T Aleck est venue remplacer Omnes, à la fois dans un souci d'amélioration de l’image de la marque et d’allégement des coûts.

Paradoxalement, Netflix n'a pas fait appel à Jonathan Hoefler pour son projet typographique. L’entreprise a préféré se tourner vers la fonderie emblématique Dalton Maag.

 

kevin_400x400 by mark chronisterKevin Gepford - Responsable relation client

Kevin Gepford s’intéresse de près aux impératifs des clients d’Extensis. Avant de nous rejoindre à Portland, il a occupé pendant plus de 20 ans des postes créatifs et de production dans le secteur de la télévision, à New York. Chez Extensis, il gère les relations avec les nouveaux clients et les clients existants.